Lise Gonthier CRÉATEUR VERRIER Née en France en 1981. Après des études aux Beaux-Arts de Besançon, elle découvre le verre dans une cristallerie française. Elle se forme au CERFAV (Centre Européen de Recherches et de Formations aux Arts Verriers). Après plusieurs stages en France et à l’Étranger elle ouvre son atelier dans le sud de la France.
Fluide et claire
Dans son atelier jardin, à deux pas des péniches arrimées le long des quais, elle mène un combat intense, solitaire, physique et silencieux avec l’objet de sa peinture : LE VERRE. Et avec son sujet : L’émotion que provoque la lumière.
Ne vous y trompez pas, elle peint : des tableaux de lumière, sans toile ni pinceau, confiant au feu sa flamme : “C’est comme du miel. Quand je souffle, parfois, je pars avec la matière. Elle me transporte, je ne pense à rien. “
Depuis qu’à la cristallerie de La Rochère, en Haute-Saône, un jour, elle découvrit le verre, Lise Gonthier l’utilise comme un moyen pictural, jouant avec les textures, entre douceur et rugosité, transparence et opacité. Donnant naissance, à la croisée des arts, à des pièces uniques, objets sensibles et sensuels, tableaux de verre, totems, un peu sculptures, un peu architectures. Dans lesquelles plonge en silence notre regard fasciné : “Je ne voulais pas me contenter de la peinture, je voulais du volume. Avec le verre, je réinvestis toutes les notions picturales mais je vais plus loin. Je fais exister le volume dans une surface plane.”
Le processus est très long, (dix jours de fabrication) riche de nombreuses étapes, semé parfois de quelques embûches, “c’est une matière plus difficile que la peinture. Je ne peux pas faire exactement ce que je veux.” Pour commencer, elle dessine tout son tableau, en détermine chaque pièce, chaque motif qu’elle mettra dans chaque cube de verre qu’elle coule, souffle, un à un, à la manière de sulfures, qu’ensuite elle assemble et dont elle sable ou polit la surface, puis qu’elle fusionne plusieurs fois et qui composeront l’oeuvre finale. C’est un travail de longue haleine, qui alterne le chaud et le froid. Entre elle et la matière, la relation est intime : “J’ai un regard inhabituel sur le verre. Je cherche à créer de l’émotion en mettant mon travail de peinture dans la matière.” Des formes abstraites, une écriture en noir et blanc, quelque chose de la calligraphie : “Visuellement, la couleur est plus facile, mais je lui préfère une palette réduite, de bons accords.” Entre l’oeuvre et nous, c’est une affaire de fluidité, de douceur et de clarté.
Sur la grande table de travail, tandis que les fours brûlent toujours à 1.150 et 850° en continu dans l’atelier, posés à plat, serrés les uns contre les autres, les petits blocs translucides, en rang avant la parade, prennent place sous la main et l’œil de peintre de Lise, acteurs associés dans un jeu de lignes, de structure, de cadrage, profondeur et graphisme. D’illusions d’optique aussi, par le jeu des motifs répétés : “Répéter m’apaise et donne du rythme à une pièce. C’est l’absence que je cherche, être moins dans le motif, davantage dans le vide, l’épure. Mais c’est dur de tout enlever.” Marie Mazeau