Intimes Lointains

November 12, 2022 to December 24, 2022

About

Exposition Catherine SEHER et Reinhard VOSS – Intimes Lointains /
Bien souvent, il est dit de nos yeux qu’ils sont semblables à des fenêtres ; qu’au travers de ces transparences irisées, nous pourrions cerner l’essence même du soi. La recherche de nos flux intérieurs, des remous de notre affect, revêt un caractère fascinant, tant nous ne saurions exprimer avec assez de justesse ces pans complexes de notre personne. Nous nous heurtons trop souvent au manque, lorsqu’il s’agit de percer l’insondable surface d’un visage. Si les voiles de l’apparence cachent aux yeux du Monde les secrets de notre extrême individualité, qu’en est-il de cette irréductible part de nous ; celle qui ne se modèle pas, mais existe selon ses propres lois. Lors de fugaces secondes, nous pouvons entrapercevoir la vérité d’un être qui se rêve, d’un regard qui s’échappe, d’un horizon connu uniquement du songe.
Dans cette exposition, intimes lointains, Catherine Seher et Reinhard Voss, conçoivent et rendent présente cette délicate vérité de l’âme. Dans les toiles de Seher, les personnages se meuvent et posent dans des univers incertains, où le temps se suspend et fusionne dans la fulgurance d’un tracé. Durant cette stabilité éphémère, l’essence de l’être est aspirée par le souvenir, alors que la toile se pâme des couleurs du « j’ai été ». Loin des regards curieux, une ultime pensée vaque parmi ces foules solitaires, et sitôt devient-elle nette, que nous ne sommes laissés à la contemplation de la distance nous séparant de ces silhouettes anonymes.
Voss, quant à lui, superpose la chromatique et géométrique psyché de l’individu à des visages sans traits, véritables bustes de conscience. Il dissipe la spécificité physique de l’humain pour en proposer une nouvelle : une abstraction de couleurs et de sensations, davantage révélatrice que le plus fidèle des portraits. Le visage n’est plus qu’un support qui permet l’évasion du sculpteur vers le monde de l’intériorité.
Pour ces deux artistes, l’opacité d’un visage est le décor de fractures permettant le jaillissement du subjectif, où les paysages intimes des méandres se rendent accessibles le temps d’un regard. Pierre Hubeaux-Colon