CORPS ÉTUVÉS

April 1, 2023 to May 7, 2023

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Exposition de Flo ARNOLD et Jean-Pierre RUEL /
Dans le cadre de l’exposition Corps Étuvés, la Galerie Christine COLON a le plaisir de vous présenter les œuvres de Jean-Pierre RUEL et de Flo Arnold ; ces dernières questionnent les surfaces du monde, les zones visibles du réel.
Il est surprenant qu’il puisse nous arriver de nous émouvoir des traits étrangers d’un inconnu ou de la douceur éloquente d’une forme abstraite. L’absence règne dans ces figures qui nous semblent vouloir nous signifier, dans le dépouillement de leur enveloppe sensible, des mondes et existences lointaines.
Ces coquilles, et autres reliques de vie, se déploient en se pâmant de leurs reflets de vacuité ; elles contiennent dans leur cavité intime, les souffles de l’essence, et autres genèses de vérité.
Ces artistes, tout en travaillant le fin voile des surfaces et des apparences, tissent autant de songes et imaginaires dont les colorations s’engouffrent dans le réel.

Les individus anonymes de l’œuvre de Ruel, sont ces pèlerins et voyageurs, dont le temps et l’existence ont entamé les traits saillants de leur identité. Chez ces nobles inconnus, ne demeurent que les habits, stigmates du temps passé, et espaces d’inscriptions des trajectoires personnelles. Dans ces œuvres, le vécu est interrogé pour lui-même, en vertu des liens ténus qui unissent les êtres dans ce périple commun de la traversée des temps. Parfois sacrées, voire bibliques, les thématiques de Ruel dressent les contours de sensations universelles constamment remobilisées par une sensibilité, quant à elle, nouvelle. Ces enveloppes sont le rappel d’un passé fécond adressant, alors, au monde la promesse d’une renaissance encore possible.

Dans la pesanteur embrumée des présences de papier d’Arnold, loge le secret d’une source de lumière. Ces exfoliations tantôt aux allures de peau, tantôt de végétaux, semblent se laisser exister au gré de l’espace, tels des cosmos individués.
Figés dans les suspensions d’un rêve de métamorphose, les émanations traversantes de lumières profondes révèlent, pourtant, l’existence du caché et de l’inaccessible. Ces êtres ne ressemblent à rien de connu, ils se jouent de la subtilité des lois et de l’habitude. À ces volutes éthérées, résistent le besoin de sens et le confort du commun. À la fois chrysalides, anémones, et autres sujets de transformations, les œuvres d’Arnold cherchent nul autre référant que les forces d’existence elles-mêmes. Elles sont les intrues d’un monde que nous avions cessé d’interroger, et que, maintenant, nous réinvestissons de la sensation diffuse de la rencontre.
Véritables morceaux d’altérité, elles sont le théâtre d’un basculement entre réel et imaginaire, perceptions et vérité.
Dans les secrets des figures de Ruel et d’Arnold, l’individualité s’est effacée au profit de l’universalité du vivre. Il s’agit de corps étuvés, d’enveloppes dont les résonances laissent à maturer les forces et puissances qui surgissent de la matière et investissent le monde d’autant de trajectoires, aboutissements et naissances. Pierre Hubeaux-Colon